Pour vraiment comprendre l’innovation, il faut aller là où elle a lieu. Or au Canada, l’innovation a lieu dans les centres locaux et non, directement, à l’échelle nationale.

La discussion sur l’innovation et la productivité au Canada se poursuit depuis des décennies. Il en est résulté une pléthore d’articles, de rapports, d’analyses et de déclarations et, surtout au cours des dernières années, on a ainsi pu développer une compréhension accrue du problème. La macroanalyse de la question est réglée depuis longtemps : insuffisance de l’investissement des entreprises dans la recherche et le développement, faiblesse au niveau de la commercialisation, manque de concentration sur la promotion de nos avantages et sur la compétitivité mondiale, et une profonde aversion pour le risque expliquent, pour l’essentiel, notre performance médiocre.

Mais la question demeure de savoir ce que nous pouvons faire pour palier à ces lacunes.

L’objectif principal de Diriger l’innovation a été de faire participer les entrepreneurs, les bailleurs de fonds et les connecteurs sur le terrain, afin de mieux comprendre les efforts en cours pour stimuler l’innovation dans diverses régions du Canada. Cette micro-approche aura donné d’entendre de la bouche des personnes concernées quels sont les défis et les possibilités rencontrés par les particuliers et les entreprises qui visent une réussite au niveau mondial et ce qui peut être fait à ce sujet.

Au cours des dernières années, un nombre croissant de groupes se sont joints au débat sur l’innovation. On comprend de plus en plus l’importance de cette question, comme en témoignent les nombreux rapports analytiques et descriptifs, stratégies gouvernementales, initiatives politiques et programmes qui traitent des divers aspects du continuum de l’innovation.

Pourtant, nous ne semblons pas avoir réussi à changer d’aucune façon notre performance dans les domaines de l’innovation et de la productivité. En fait, comparés à nos principaux partenaires commerciaux et concurrents, notre performance est en baisse. Selon les principaux indicateurs – dépenses des entreprises pour la recherche et le développement et la productivité, intensité des TIC, des machines et des équipements – le Canada perd du terrain. Dans le contexte d’une économie mondiale en pleine transformation et d’économies émergentes partout sur la planète, il nous faut traiter ces questions avec un nouveau sentiment d’urgence.

Il est clair que l’innovation au Canada sera stimulée par le développement d’idées novatrices et par le lancement de nouvelles entreprises par les leaders locaux des secteurs de l’industrie, des gouvernements et de l’éducation supérieure. Ils seront aussi soutenus par les connecteurs et les bailleurs de fonds qui se seront d’abord impliqués localement. Même si l’innovation et l’entreprise sont éminemment mondiales, leurs origines sont profondément locales.

Pour que le Canada puisse véritablement devenir une « nation d’innovation », nous devons favoriser et développer des écosystèmes locaux robustes et encourager une collaboration plus active au sein des secteurs et entre eux, avec des stratégies regroupées dans chaque région du pays. La stimulation de l’innovation au niveau local conduira inévitablement au succès tant national que mondial.

Ce qu’il nous faut avant tout en ce moment, c’est à la fois un but et un rythme. Notre but devrait être de stimuler la performance économique du Canada dans une économie mondiale de plus en plus compétitive. Le monde change rapidement et nous ne pouvons nous permettre une performance médiocre. Si nous voulons améliorer notre productivité et assurer la résilience du Canada pour les générations à venir, il nous faut absolument inculquer l’esprit d’innovation et d’entreprise, tant dans le milieu des affaires que dans celui des politiques publiques et de l’action sociale. Pour réussir, il faut que cela soit compris et assumé au niveau organisationnel des entreprises. De plus, nous devons donner à cette question une urgence accrue car la tendance a souvent été, au Canada, d’être complaisant quant à notre bilan commercial favorable et à notre richesse nationale. Nous devons donc accélérer la cadence, pour résoudre ces questions mais aussi pour développer les nouvelles idées et les entreprises qui, à long terme, assureront la place économique du Canada dans le monde. C’est, là aussi, un impératif organisationnel pour nos entreprises.

Une bonne partie de cette stimulation est locale. Cela nous donne une meilleure compréhension de ce qui est nécessaire au niveau micro pour accroître les réussites en matière d’innovation. L’initiative Diriger l’innovation veut justement faire la lumière sur ces expériences pratiques pour nous aider à orienter et promouvoir une approche canadienne de l’innovation.